CHARLOTTE PERRIAND // Fondation Louis Vuitton

Charlotte Perriand est une designer dont le travail en corrélation avec l’architecture et l’urbanisme fait en ce moment sensation à la Fondation Louis Vuitton à Paris. La rétrospective Le Nouveau monde de Charlotte Perriand qui lui est dédiée aborde tous les aspects de son travail, tout ce qui lui est lié et son univers dans son intégralité. Un travail qui aura traversé le XXème siècle.

Quelques mots tout d’abord sur les débuts de cette designer dont le talent est devenu incontournable sur la scène internationale.

Née le 24 octobre à Paris, Charlotte Perriand a fait ses études au sein de l’Union centrale des arts décoratifs à Paris. Basée dans la capitale française durant les quarante premières années de sa vie, elle séjournera durant de 1940 à 1941 au Japon avant d’être nommée conseillère pour l’art industriel par le gouvernement japonais pour une durée de six ans. Un séjour qui marquera un tournant dans sa carrière. Imprégnée par cette culture traditionnelle et ancestrale, Charlotte Perriand plongera le dialogue des cultures au coeur de son oeuvre. Son amour pour le Japon ne cessera dès lors de grandir. Son voyage au Brésil, à Rio, en 1961, lui ouvrira également les portes vers un design solaire et la découverte de nouveaux matériaux. Charlotte Perriand se liera d’amitié avec les architectes Oscar Niemeyer et Lucio Costa. Elle s’entourera également de la chanteuse Maria Bethânia et de l’écrivain Jorge Amado. De ce séjour résultera la signature des agences Air France à Rio et à Brasilia. Après Londres, Tokyo et Osaka.

Très attachée au monde de l’art et de la photographie, son travail fait écho à différents artistes de son temps. Rappelez-vous lors d’un précédent article nous explorions le lien entre l’architecture et le design. Et la limite de plus en plus fine tendrait même aujourd’hui à disparaître. Charlotte Perriand aurait eu son nul doute sa place en tant qu’icône de cette tendance. L’art, la photographie, l’urbanisme, le design et l’architecture étant pour elle un véritable cycle de création, voir même le coeur de sa méthodologie de travail.

Le travail Charlotte Perriand en cinq éléments marquants c’est :

  • Sa collaboration avec Le Corbusier, Pierre Jeanneret et Fernand Léger
  • Sa passion pour la culture japonaise
  • Sa spécialisation dans l’architecture préfabriquée
  • Son attachement pour l’art sous toutes ses formes
  • Son engagement politique

À peine sortie de l’Union centrale des arts décoratifs et venant de fonder son atelier place Saint-Sulpice, à Paris, le talent de Charlotte Perriand, alors âgé de 24 ans, n’échappe pas à ses aînés : Le Corbusier et Pierre Jeanneret. Elle devient dès lors, en 1927, leur associée pour l’équipement mobilier. Durant près de trente ans elle apportera son savoir-faire sur divers projets allant de la villa Savoye à La Maison du jeune homme à l’Exposition universelle de Bruxelles. Sa création de la très célèbre chaise LC4 restera l’un des plus gros succès de sa carrière avant même le mobilier en tube. En 1937, sa rencontre avec l’artiste Fernand Léger la conduira à des recherches photographiques sur le thème de l’art brut, en collaboration également avec Pierre Jeanneret. Un quatuor créatif qui donnera vie également au pavillon du ministère de l’Agriculture lors de l’Exposition internationale des arts et techniques de Paris.

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En février 1940, le Japon lui ouvre grands ses portes. Charlotte Perriand est nommée conseillère à la production d’art industriel du pays. Sa mission prendra fin un an plus tard lorsque celle-ci partira pour l’Indochine. Au Japon, la designer découvre une toute autre culture, une culture minimaliste où le mobilier est quasi inexistant et basé principalement autour du tatami et des portes coulissantes. Durant un an, Charlotte Perriand va parcourir le pays, apporter ses connaissances. L’ensemble de ses recherches sera présenté dans le cadre de l’exposition « Contribution à l’équipement intérieur de l’habitation au Japon. Sélection, Tradition, Création. » Son histoire d’amour avec le pays du soleil levant reprendra dix ans plus tard. En effet, dès 1953 et sur une période de deux ans, Charlotte Perriand, avec la complicité de Fernand Léger et de Le Corbusier conçoit l’exposition « La Synthèse des Art » à Tokyo. Une exposition réaffirmant le rapport d’unité entre l’architecture, la peinture et la sculpture. Charlotte Perriand en profitera pour rendre hommage à sa terre d’accueil à travers plusieurs de ses créations : Chaise ombre, Banquette Tokyo

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La Maison au bord de l’eau est à l’image même de l’architecture préfabriquée instaurée par la designer. Spécialisée dans ce domaine dans les loisirs. Elle signera dès 1934 également des hôtels et des refuges en montagne. La conception architecturale et l’aménagement urbain des stations de sports d’hiver Arc 1600 et Arc 1800 en Savoie marquent encore une révolution sur un terrain peu exploré jusqu’ici. Ce projet pharaonique aura mis plus de vingt ans à aboutir, la conceptualisation ayant commencé en 1967. L’utilité alliée à l’esthétique de ses concepts est toujours resté un élément fondamental pour Charlotte Perriand.

Le travail de l’architecte et designer a toujours été très fortement influencé par l’art. Les peintures de Fernand Léger ou encore de Le Corbusier ont toujours insufflé une inspiration dans ses travaux. Et l’art littéraire, le goût des mots portés par Louis Aragon, Romain Rolland, Francis Jourdain ou encore André Durçat, est aussi à prendre en compte quand l’on essaie de comprendre le processus de création de Charlotte Perriand. Dès l’âge de 25 ans, elle rejoint d’ailleurs l’Union des Artistes Modernes, militant au passage pour un  » un art moderne véritablement social. Un art pur, accessible à tous.« 

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L’existence de Charlotte Perriand a été traversée par les deux Guerres Mondiales. Militante pour la reconstruction des milieux urbains, elle s’engage dans l’éducation, le logement et la santé publique. Elle résumera sa conception des choses comme « L’art d’habiter« . Elle incitera la nouvelle génération d’architectes à toujours insérer une dose d’art dans leurs projets. Elle essaiera également de sensibiliser les industriels à ce mouvement dénommé « Formes Utiles ».

« L’art est dans tout : dans un geste, un vase, une casserole, un verre, une sculpture, un bijou, une manière d’être »

Elle signera son dernier projet en 1993, une maison de thé pour l’UNESCO dans le cadre du festival culturel du Japon à Paris. Protégée par des bambous, et aux côtés d’oeuvres de Tadao Ando, Ettore Sottsass et Yae Lun Choï, sa proposition surprend par l’utilisation d’un chapiteau en Mylar suspendu.

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Le Monde nouveau de Charlotte Perriand à la Fondation Louis Vuitton est visible jusqu’au 24 février prochain.

T/O/S.