FAST FASHION // Le combat continue

Le saviez-vous ? L’industrie de la mode est la deuxième industrie la plus polluante au monde. Cela va au-delà de s’habiller d’une certaine manière ou de faire passer un message à travers une tenue. Ce que nous vivons depuis cinq à dix ans, c’est la croissance fulgurante de la fast fashion, et le besoin absolu de continuer à consommer ce qu’elle génère. La consommation peut être divisée en deux : celle qui perdure et celle qui ne faut cesser d’alimenter, telle que la mode éphémère.

Causes et conséquences

Guido Brera, un gestionnaire d’investissement italien, a parlé de la société contre la consommation pour le documentaire The True Cost.

«Toutes les choses dont les gens ont vraiment besoin coûtent très cher, comme la maison, les études, l’assurance-vie, etc. De l’autre côté, il y a une source de consolation. Il est possible d’acheter un t-shirt, deux t-shirts par jour à un prix cassé. Comme si, même en ayant des ressources financières peu élevées, le pouvoir de consommer, lui, reste. » – Guido Brera

Avez-vous remarqué comment de nos jours, les promotions en magasin deviennent presque systématiques ? Il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, c’est un faux-semblant. Les produits présentent un prix élevé avant même que les pièces soit exposés en magasin. Il s’agit d’une astuce pour permettre aux marques de promouvoir des remises extrêmement élevées sur les invendues et cela tout au long de l’année, tout en continuant d’appliquer une marge très élevée. Alors, sachez que même avec 70% de réduction les marques ne vendent pas à perte. Ce n’est pas une question de qualité, mais de quantité. Et qui dit grande quantité dit baisse des coûts de production auprès des usines.

Même si le consommateur sait que cette pièce ne survivra peut-être même pas à quelques lavages, il semble que sur le moment, cela en vaille la peine. Les réseaux sociaux n’aidant, la plupart du temps, pas vraiment. Certains influenceurs poste un nouveau look, vous savez qu’il sera épuisé le lendemain ? Alors dépêchez-vous, si vous voulez être dans la tendance du moment. La dernière lubbie des influenceurs sur Tik Tok ? Le Keep or Return challenge. Ce dernier consiste à commander un maximum de produits en ligne, à créer ses looks, les poster quelques heures plus tard en de les faisant valider par les followers. Ce qui plaît est gardé, ce qui ne plaît pas est renvoyé, gratuitement, dans les stocks des magasins en ligne et le client est remboursé… L’opération pouvant se répéter à l’infini…

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Ce qui n’est pas considéré la plupart du temps, c’est la façon dont ces pièces ont été fabriquées. Parmi les cinq principaux marchés mondiaux de fabrication de vêtements se trouve la Chine et l’Inde et concernant ce dernier, la demande production ne cesse d’augmenter. Surpassant désormais presque la Chine depuis la crise du Coronavirus.

En raison de leur surpopulation, combinée à des problèmes économiques, les ouvriers travaillent parfois plus de 12 heures par jour, dans des conditions humainement inacceptables, pour approvisionner ce modèle de chaîne de production. Combien gagnent-ils ? Moins de 50 dollars par mois.

Avec la pression d’augmenter la production de la part des marques de mode, l’Inde s’est heurtée à l’énorme scénario problématique consistant à ajouter plus de travailleurs manuels dans des espaces insalubres. Il n’est pas rare que des effondrements de bâtiments en Inde aient lieu. La plus importante, datant, à ce jour, la chute de l’immeuble du Rana Plaza au Bangladesh, le 24 avril 2013. Selon Fashion Revolution, 1 138 personnes sont mortes et 2 500 autres ont été blessées, ce qui en fait la quatrième plus grande catastrophe industrielle de l’histoire.

De plus l’inflation mondiale en plein essor est devenue totalement instable, portée par la guerre entre l’Ukraine et la Russie et se traduisant par des prix exorbitants impactant les besoins primaires telles que l’énergie ou encore l’industrie alimentaire. Un autre pays de production de masse en prend un coup : la Chine. Depuis bientôt 13 ans la Chine a vu son taux d’inflation monter en flèche. La consommation mondiale quant à elle, a été poussée à la hausse par un boom des matières premières, la flambée des coûts d’expédition et une reprise économique inégale après la pandémie. Cette production réduite pèse à nouveau sur l’Inde et le cycle se répète.

Aspect environnemental

L’impact environnemental grandit et le pouvoir économique et politique que la consommation excessive de vêtements a causé au monde aussi. Les frontières de l’industrie s’étendent à l’échelle mondiale et sa chaîne d’approvisionnement à plusieurs niveaux reste complexe et opaque. Grâce à la libéralisation des échanges, à la mondialisation et aux pressions persistantes sur les coûts, très peu de marques possèdent les actifs de leurs usines en amont et la plupart des entreprises sous-traitent la production finale.

Cette complexité et ce manque de transparence entraînent une estimations de l’impact carbone de l’industrie encore floue, de 4 % à 10 % des émissions mondiales de carbone, selon le dernier rapport des Nations Unies à ce sujet. En termes simples, chaque nouvelle pièce produite génère une quantité croissante d’empreintes carbone, un gaspillage d’eau, un gaspillage de matières premières et une émission de déchets rejetés dans l’environnement sauvage. Par exemple, la fabrication d’un pantalon denim produit 44 livres de CO2, soit à peu près l’équivalent des émissions de gaz à effet de serre résultant de la conduite d’une voiture de tourisme sur près de 60 kilomètres.

Le court-documentaire « Unravel : The final resting place of your cast-off clothing », réalisé par Meghna Gupta démontre en seulement 13 minutes ce qu’il se passe quand on se débarrasse d’une des pièces de notre dressing de manière irréfléchie.

Saviez-vous que en 2022, par exemple, 80 millions de vêtements neufs ont été achetés ? C’est 400 % de plus que ce que nous achetions il y a à peine vingt ans. L’industrie de la mode produit environ 53 millions de tonnes de fibres chaque année, dont 70 % finissent dans des dépotoirs ou sont incinérées. Le gaspillage est là.

Pourtant, même si le nombre actuel de production est effrayant, la production de fibres devrait atteindre 160 millions de tonnes d’ici 2050, selon la Fondation Ellen MacArthur.

Contrôle des dommages

L’idée de durabilité ne peut pas être seulement imposée par les fabricants, elle dépend également de la conscience des clients quant à leurs choix. Avez-vous déjà essayé d’éviter de consommer de la fast fashion, même pour une courte période ? Cela peut représenter un énorme défi à première vue : la consommation de mode bon marché est partout, du quai du métro nous emmenant au travail, aux les réseaux sociaux ou encore sur notre écran de télévision.

Collectivement, nous devons agir en comprenant que chacun d’entre nous est un vecteur de changement. Il s’agit de se concentrer sur des choix plus responsables et de comprendre où nous, les consommateurs, nous situons dans la chaîne d’approvisionnement. Si vous vous demandez comment soutenir un tel contrôle des dégâts, être conscient est certainement la première étape. C’est ainsi que la mode durable s’inscrit dans le cadre de diverses alternatives. La mode durable est le terme qui décrit les produits, les processus et les activités axés sur une industrie neutre en carbone. La consommation, elle aussi se veut alors durable, les vêtements vintage, de seconde-main et les échanges au lieu d’acheter des pièces neuves à prix cassés et souvent de mauvaise qualité en sont les parfaits exemples.

Considérant cela, Somewhere A Process essaie de contribuer au sein de sa curation de mode vintage , de seconde-main et d’archives de marques indépendantes à changer un peu les choses, à son échelle. L’objectif principal est de sensibiliser le mode de consommation, de réduire le besoin de quantité par rapport à la qualité, et de travailler aux côtés des brocantes et des magasins solidaires comme Emmaüs ou encore Humana, pour ne citer que ces boutiques solidaires fondés dans un cadre associatif.

La production de masse ne s’arrêtera pas de sitôt, la seule chose à faire est donc d’opter pour une consommation consciente : une pièce qui durera éternellement ne génère pas de nouveaux déchets dans le monde, ne produit pas de nouvelles empreintes carbone et reste à la mode, quoi que l’on en dise. Somewhere a Process trouve son sens en étant un lieu où la curation est au centre du concept lui-même mais aussi où tous les événements, collaborations et voyages sont réunis pour toujours présenter des produits originaux confectionnés de manière éthique et durable. L’empreinte carbone étant prise en compte dans la mesure du possible.

Les marques sont sélectionnées en fonction de leurs valeurs éthiques et esthétiques concernant les archives et les collaborations, ainsi que de la longévité de leurs produits. La mode est un moyen d’expression comme un autre. Une manière de générer aussi un sentiment d’appartenance à un groupe social, spécialement à l’âge de l’adolescence, ou encore de se démarquer. Certaines occasions spéciales, comme un mariage par exemple, nécessitent une toute nouvelle tenue spécifique qui n’est souvent pas disponible dans la garde-robe – c’est compréhensible. Cependant, outre l’upcycling et le recyclage, il existe désormais une communauté croissante de prêts et d’échanges de vêtements. Si vous devez vous rendre à un mariage, nul besoin d’acheter un nouvel ensemble pour vous sentir bien : vous pouvez tout simplement l’emprunter. Outre ces alternatives, nous vous encourageons à approfondir un peu plus la marque que vous choisissez de consommer. Et à voir ce qui se cache derrière son prix si attractif.

De nos jours, il est plus facile de trouver des marques transparentes. Pour produire une pièce, il y a une longue chaîne d’actions en arrière-plan, et bien que reproduire de telles actions en étant plus conscient puisse être difficile, ce n’est pas impossible. Ganni et son média Ganni Lab en sont le parfait exemple. Cette marque danoise publie chaque année un rapport de responsabilité, dans lequel elle définit des jalons à atteindre en matière d’économie circulaire, de production, de matériaux, de génération de déchets, et même de partenariats avec des plateformes telles que Vestiaire Collective pour revendre d’anciennes collections à un meilleur prix, en faisant circuler les pièces équitablement.

Si vous ne connaissez pas Vestiaire Collective, c’est aussi une excellente alternative pour ceux qui souhaitent acheter des pièces de seconde-main en visant une marque spécifique. La plate-forme aide à la revente de pièces de seconde-main et inversement à une consommation plus responsable de la part des membres de sa communauté. Un autre exemple que l’on peut trouver chez Somewhere A Process, est la marque Oh Seven Days dont l’objectif principal est de créer des produits de base durables à partir de chutes de tissus inutilisés dans des usines basées à Istanbul, de sorte que toutes les collections soient faites de restes de la mode rapide, produisant des vêtements dans un souci de durabilité. La marque ouvre régulièrement les coulisses de sa production à ses clients via les réseaux sociaux. Tout est question de petits détails dont l’accumulation les rendent puissants lorsqu’il s’agit de consommer de manière consciente.

La sélection vintage, de seconde-main et d’archives de marques indépendantes est à retrouver sur le e-shop de Somewhere A Process et également au concept-store lisboète. Pour suivre les arrivages en temps réel n’hésitez pas à consulter notre compte Instagram. De Paris à Milan, en passant par Amsterdam, Berlin ou encore Londres. Tous les styles sont de mise et encore une fois la meilleure tendance à suivre restant celle qui vous fait sourire.

Sources :

  • The Business of Advertising par Earnest Elmo Calkins
  • Indian fashion industry on the verge of collapse The Economic Times
  • Luxury’s Hidden Indian Supply Chain NY Times
  • The True Cost Secrets, Behind Fashion Industry un documentaire signé Andrew Morgan
  • The Myth of Sustainable Fashion Harvard Business Review
  • 36 facts about fast fashion that will (hopefully) inspire you to embrace the slow fashion movement via www.bloomberg.com
  • Understanding sustainable fashion and what it means to you
    via www.sustainablefashionmatterz.com

T/O/S.