- Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je suis Antoinette Chalumeau, fondatrice de SIDE PROJECT. Née à New York la veille des années 90, je suis gauchère et j’ai un frère jumeau. J’ai grandi à Paris où j’ai étudié la mode avant de retourner de l’autre côté de l’Atlantique, pour exercer le métier de designer textile puis de concept designer au sein de différentes maisons comme Alexander Wang et Marc Jacobs. De retour à Paris depuis peu, j’ai créé SIDE PROJECT il y a un an.
- D’où vient cet intérêt pour la mode ?
Avant même d’étudier la mode, j’ai toujours été fascinée par l’art de se travestir, le fait de pouvoir choisir qui l’on a envie d’être et de s’exprimer à travers les vêtements. Depuis toujours ma vision de la mode est très narrative et cinématographique, j’aime les vêtements qui racontent une histoire et qui créent de belles images. C’est également l’approche sociologique et sociale de la mode, qui m’intéresse. La transmission des vêtements entre les générations, l’appartenance à un groupe ou un mouvement, l’engagement, les influences musicales ou artistiques, la sexualité, le milieu socio-professionnel, le mélange des genres, ce sont ce genre de choses qui me fascinent dans les styles de chacun.
- Un peu couteau suisse n’est-ce pas ?
Je pense que lorsque l’on à une vision esthétique on peut l’appliquer à toute forme de création et qu’un bon créatif est capable de designer et conceptualiser aussi bien de beaux vêtement qu’un modèle de voiture par exemple. La technique est cependant indispensable à la mise en pratique des idées, c’est pour cela que styliste-modéliste n’est pas le même métier que designer industriel. Avec SIDE PROJECT, ce sont souvent les savoir-faire qui m’inspirent le design de mes créations mais mon processus de réflexion et de conceptualisation reste le même quand il s’agit de designer un tabouret ou une jupe ou de communiquer mes idées aux différents artisans avec qui je travaille. Par ailleurs, notre manière de consommer aujourd’hui n’est plus aussi segmentée qu’avant ; tout comme la façon de commercialiser les vêtements. La mode s’est tellement démocratisée que l’on n’achète plus un vêtement par nécessité mais aussi pour ce qu’il représente de manière propre ou figurée. Pour SIDE PROJECT, j’essaye de garder le vêtement au cœur du concept mais tout un univers en découle même si pour l’instant c’est à petite échelle. A l’ère du digital et de l’entreprenariat les gens passent de plus de temps chez eux, et leur espace vital ou leur environnement de travail doit être en accord avec le « personnage » qu’ils sont quotidiennement au travers de leurs vêtements. Aujourd’hui on n’épouse plus une mode vestimentaire mais un mode de vie et tout ce qu’il engendre. Les gens ont « trop de choix » depuis plusieurs décennies, à présent nous ressentons le besoin d’être guidés dans notre façon de consommer. Avec SIDE PROJECT, je propose la curation de vêtements, d’objets et de bijoux ainsi qu’un engagement vis à vis de l’artisanat et des modes de production éthiques.
- Quelles sont tes inspirations ?
Mes inspirations sont très variées, je pense qu’il s’agit de toutes les choses cognitives que je perçois dans ce monde et les représentations que je m’en fais, ça peut être un film, un voyage, un souvenir, une chanson, une odeur, une émotion, un sentiments, les gens, mes amis, un mot, un texte, une œuvre, un matériau, une texture, une technique, un bout de tissu, un objet, un bruit bref tout ce qui peut être à l’origine d’une idée.
- Quels sont tes futurs projets ?
Je prépare la collection AH 17/18 de SIDE PROJECT que je présenterai en mars prochain pendant la fashion week parisienne. Je suis très excitée car je travaille actuellement sur un projet avec un atelier de tisserands marocains qui utilisent des métiers à tisser ancestraux de plus de cent ans. D’autre part, j’espère pouvoir emmener SIDE PROJECT à l’étranger et continuer mon travail de sourcing d’artisans et de savoirs-faires autour du monde.
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