On pourrait aisément qualifier Samuel Fosso de caméléon de la photographie. Aussi bien à l’aise devant, que derrière l’objectif, l’artiste d’origine camerounaise, se met en scène et place l’autoportrait au coeur de son travail.
Avec une carrière démarrée précocement à l’âge de treize ans à Bengui, en Centre-Afrique, avec l’ouverture d’un premier studio baptisé le Studio Photo National, Samuel Fosso fait déjà preuve d’une certain assurance. Et quelle meilleure manière de se faire remarquer et d’exposer son talent aux passants que de se présenter soi-même devant l’objectif ? Le photographe aime affectionne un goût particulier pour la mode et possède un véritable sens de l’autodérision. Chaque cliché est le résultat d’une véritable recherche : il dessine lui-même ses costumes et les fait confectionner dans un atelier local. La direction artistique est menée de main de maître et les fonds permettent à l’artiste de poser le décor de ses histoires. Son studio deviendra par la suite le studio Gentil, le studio Hobereau puis le studio Convenance. Des noms choisis au gré de ses périodes créatives.

Ce qui peut sembler, à première vue, comme une fascination innocente d’un jeune adolescent pour le monde qui l’entoure deviendra une forme de contestation revendiquée. Le jeune homme aux traits androgynes ose se travestir, joue avec les codes sociaux et se positionnera très vite sur le terrain politique, combattant à sa manière pour la liberté d’expression et l’homme libre.

De ses premiers pas en judoka, en jeune marin ou encore en danseur de disco dans les années 70 et de ses premiers clichés entourés des membres de sa famille, le travail de Samuel Fosso évolue. Il délaisse un moment le noir et blanc pour s’affirmer au milieu de couleurs vives, si propres à la culture africaine dans laquelle il grandit. Le monde des sappeurs l’inspire et le photographe s’affirme de plus en plus, se moquant ouvertement des dirigeants africains et des clichés de la société à travers les titre de ses oeuvres.




Revenant à une certaine forme de sobriété, l’artiste propose en 2008 une série de clichés rendant hommage à des personnalités engagées dont il admire le talent et le combat. Il incarnera, avec un réalisme bluffant, un Martin Luther King clamant son discours I have a dream, un Mohammed Ali assoiffé de victoire sur le ring ou encore une Angela Davis au regard déterminé. Vingt ans plus tard, le photographe reprendra ce travail, en couleurs cette fois et de manière plus internationale en incarnant de grandes figures de l’Histoire à commencer par la présentation d’un Pape noir à la 11ème Biennale africaine de la photographie. Ou encore un Mao Zedong controversé.




Tout au long de sa carrière Samuel Fosso s’évertue à défendre des causes qui lui semblent justes sans ne jamais oublier de rendre hommage à la culture africaine, à ses ancêtres ou encore aux patriotes engagés dans des combats armés.

Âgé de 59 ans Samuel Fosso, vit aujourd’hui entre Paris et Bengui. La MEP a choisi de présenter une rétrospective de son travail jusqu’au 13 mars 2022.
Infos pratiques :
Samuel Fosso à la Maison Européenne de la photographie du 10 novembre 2021 au 12 mars 2022 à Paris.
T/O/S.
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